AGRICULTURE- FORÊT- LIÈGE, ALGÉRIE/EXPLOITATION
COLONIALE
Objet de convoitise dès les premières années de la
colonisation française de l'Algérie, le liège algérien a subi, pendant 132
ans, la gestion hasardeuse de l'administration coloniale et la surexploitation
effrénée.
Jusqu'à épuisement des peuplements de cette ressource
naturelle, les 400000 hectares de chêne-liège que la France coloniale s'est
empressée de délimiter, ont été exploités, avec la montée mondiale de
l'utilisation de cette ressource à l'époque.
Selon une compilation de données de l'administration
coloniale, basée sur des rapports et des écrits consacrés à la subéraie
algérienne, la récolte de liège a connu une augmentation continue, sans respect
du mode de rotation exigé et au détriment de la santé des arbres.
La production algérienne représentait alors près des
deux tiers de celle de la France, qui fournissait plus d'un quart de la
production mondiale à la fin du 19eme siècle et au début du 20eme siècle.
Ainsi, sous le prétexte d'une "foresterie
rationnelle", l'administration coloniale a mis en œuvre un plan de
mainmise sur les forêts, en particulier celles de chêne-liège, dont la
rentabilité mondiale croissante était perçue comme une opportunité lucrative.
Ce processus s'est accompagné de l'imposition de modes
de gestion et de lois qui ont progressivement restreint l'accès à ces espaces
pour les Algériens.
Dès 1840, un régime de concessions avec redevance a
été instauré pour les forêts de chênes lièges, cédées à des concessionnaires
privés majoritairement français et européens pour une durée initiale de 16 ans,
prolongée à 40 ans, puis à 90 ans.
En 1847, les premières récoltes de la subéraie
algérienne sous l'occupation française ont atteint 447 quintaux de liège brut.
L'administration coloniale a, entre-temps, promulgué
des décrets en 1867 et 1870, favorisant encore les concessionnaires forestiers,
en leur accordant la cession gratuite des sections de leurs concessions brûlées
depuis 1863. De plus, un tiers des sections non brûlées leur était également
attribué sans frais.
Après 1865, le gouvernement impérial français de
l'époque a consenti à l'aliénation facultative des forêts concédées, permettant
ainsi la cession de 165000 hectares aux colons.
Vingt ans après, parmi les 400000 hectares de forêts
algériennes de chêne-liège, l'Etat colonial en détenait 275000 hectares. Et à
partir de 1891, un mode de régie directe a été instauré pour les forêts
domaniales, marquant le début de l'exploitation de 100000 hectares.
En 1904, toutes les forêts domaniales exploitables,
évaluées à 200000 hectares, étaient en production.