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Guerre de libération nationale/Soutiens français

Date de création: 21-03-2025 19:55
Dernière mise à jour: 21-03-2025 19:55
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HISTOIRE- PERSONNALITES- GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE/ SOUTIENS FRANÇAIS

 

 JEAN-PAUL SARTRE, ANDRÉ MANDOUZE, GERMAINE TILLION… Ces rares voix qui sauvent l’honneur de la France


© R. Hammoudi/ Horizons, 19 mars 2025

Durant la colonisation, pendant la guerre de Libération, et bien après, des voix se sont toujours élevées pour sauver l'honneur terni d’un pays qui dit, selon les  mots de Léopold Sedar Senghor, bien les routes droites  et emprunte si souvent les chemins tortueux.   Pendant la nuit coloniale, pour reprendre Ferhat Abbas, des esprits éclairés comme Victor Hugo, Tocqueville ou Jules Ferry se sont égarés croyant déceler dans l'entreprise coloniale parsemée de crimes et d’expropriation de terres une volonté d’émanciper et de «civiliser» des peuples. Guy de Maupassant, venu dans le sud-ouest oranais, alors embrasé par la révolte de Cheikh Bouamama, écrit, dans un de ses plus célèbres romans, «Bel ami», que «l’Arabe était considéré comme la proie naturelle du soldat». Cette simple phrase révèle le mépris à l’ endroit des Algériens.  D’autres comme Dinet, Eberhardt, Fromentin furent fascinés par les paysages et mœurs au point de s'en inspirer et pour les deux premiers d'embrasser l'Islam.  Mais c’est pendant la guerre de Libération que, venant souvent de la gauche ou de milieux libéraux des politiques, des intellectuels vont dénoncer les exactions commises par l’armée, notamment la torture pratiquée à une vaste échelle. Les plus engagés comme Jean-Paul Sartre ou André Mandouze vont jusqu’ à militer pour l’indépendance de l’Algérie. sur ce qui se commettait en leur nom. Qui ne connaît pas les porteurs de valises qui aidèrent de mille et une façons les militants du FLN en transportant des fonds, en fournissant de faux papiers, en hébergeant ceux d’entre eux qui étaient recherchés ?   Les nombreux mémoires des militants et responsables de la Fédération de France (Boudaoud, Harbi, Ali Haroun, Ahmed Taleb, Benyounès…) ont mis en valeur l’apport de ces hommes. Un éditeur comme François Maspero publiera «La Question» d’Henri Alleg qui a révélé, dans un témoignage glaçant, les pratiques dégradantes des paras. C'est aussi l'écrivain François Mauriac qui, dès le 15 janvier 1955,  fait barrer la Une du journal L’Express avec ce titre : «Mauriac accuse», qui se réfère au célèbre Jean-Paul Sartre Les fondements du système colonial sont  disséqués dans le livre «Algérie hors la loi» de  Francis Jeanson, paru en 1955. La liste des avocats,  des chercheurs, des ecclésiastiques, des artistes, qui dénoncent comme Germaine Tillion le caractère injuste de la colonisation, est trop longue. Beaucoup d’entre eux ont signé, en septembre 1960,  un manifeste très connu, celui des 121, qui prônent le droit de désobéissance pour les soldats envoyés en Algérie.  Parmi ces derniers, certains, comme Maurienne, vont déserter et témoigner dans des livres, des articles, cri de Zola. Des récits sont publiés dans des journaux saisis dans un pays qui se targue d’être celui de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Mais à côté, une autre presse, surtout audiovisuelle, s’est tue quand elle n’a pas couvert les crimes. Tout le monde n’était pas le directeur du Monde, Hubert Beuve Mery, qui, le 13 mars 1957, avait écrit ces mots : «Dès maintenant, les Français doivent savoir qu'ils n'ont plus tout à fait le droit de condamner dans les mêmes termes qu'il y a dix ans les destructions d'Oradour et les tortionnaires de la Gestapo». L'Express, Témoignage Chrétien, France Observateur qui réalise le premier reportage dans les maquis de l 'ALN, sont autant d’espaces où une poignée de Français ont préservé l’âme d’une République qui a renié ses valeurs.  Longtemps enfouis dans les abysses du silence, le passé de la France a progressivement refait surface. Des historiens comme Jean-Luc Einaudi, Raphaël Branche, Le Cour Grandmaison et des journalistes comme Florence Beaugé ont levé le voile sur les  crimes de la colonisation qui ont duré plus d’un siècle et pris diverses formes. Jean-Michel Aphatie, qui a payé récemment pour son audace en rappelant quelques vérités, a de qui tenir. On croirait entendre dans ses dernières déclarations ce qu’avait écrit Hubert Mery, il y a plus d’un demi-siècle. La France a été toujours le pays des lumières et de l’obscurité. Elle a enfanté Bugeaud, les  Le Pen et Aussaresses, mais aussi  des femmes et des hommes qui refusent l’aveuglement et la démission. Dans le contexte de résurgence des idées d’extrême droite, Les Villepin, Pascal Boniface… sont les héritiers de ceux qui ont entretenu l’esprit de résistance. Le poète  Bachir Hadj Ali l’avait écrit : «Je jure sur la haine et la foi qui entretiennent la flamme… Que nous n'avons pas de haine contre le peuple français  L’Algérie refuse, comme l’avait souligné Salah Goudjil, il y a quelques mois,  le colonialisme. Ses concepteurs, ses acteurs et ses anachroniques admirateurs.