COMMUNICATION- FORMATION CONTINUE- LECTURE DES MÉDIAS ALGÉRIENS
/QUATRE QUOTIDIENS RÉGIONAUX (IV/IV)
© Pr Cheniki Ahmed, fb, fin
février 2025
Quatre quotidiens régionaux : L’Est Républicain, Le Provincial, Akhbar Echarq et Akher Saa (Édition du 23/02/2025)
Cette fois-ci, je tente de lire des journaux régionaux dont
les sièges sont localisés à Annaba. Souvent, l’information régionale est
péjorée, minorée, comme si les régions de l’intérieur n’étaient pas
importantes. Alger, c’est le centre, le reste, c’est la périphérie.
J’ai constaté dans ma lecture des onze journaux privés et
gouvernementaux qu’on accorde trop peu d’importance aux régions de l’intérieur
du pays, privilégiant l’information institutionnelle, comme si les régions de
l’intérieur n’étaient qu’un appendice du centre.
Même les journaux « régionaux » sont piégés par le syndrome
de l’institution algéroise ou même locale, évacuant tout travail
d’investigation. Pas d’enquête, ni reportage ou même des entretiens. Comme les
autres titres « nationaux », la place d’internet et des dépêches d’agences est
primordiale. La sportive et les rubriques consacrées à la santé ou à la femme
(Hawa dans Akher Saa) et
même à la « société » sont presque exclusivement alimentées par internet des
agences de presse. Les articles sont souvent non signés. C’est le même travers
qui marque toutes les rédactions obligées fréquemment de rewriter des dépêches
d’agences ou d’internet ou de publier des articles de correspondants trop
piégés par leur proximité avec la wilaya, la commune et les autres structures.
Ce qui est contraire à l’éthique journalistique.
Les « Une » de ces journaux qui ont bénéficié, chacun, d’une
page de publicité ANEP articulent leur première page autour d’une information «
nationale » : ici, c’est l’inauguration par le président de la station de
dessalement de Fouka. Seul, Akher
Saa, a centré sa « une » sur Tebboune, en annonçant
son déplacement à Tarf, une information qui concerne
la région.
Un journal comme Akhbar Acharq a consacré,
à l’exception de deux intitulés (Sidi Amar et Olympique de Annaba), les titres
de sa première page à des activités institutionnelles nationales, ce qui paraît
paradoxal pour un journal régional. Les autres ont bien mis en exergue des
informations régionales. L’Est Républicain est le seul quotidien qui a utilisé
les « oreilles » (situées à gauche et à droite du nom du journal) : «
Fratricide à la cité Ain Trik, l’auteur en fuite » et
« Des fake news avant le ramadhan à Annaba ».
Des problèmes d’expression fragilisent toute communication,
notamment à la une : « Renouvellement par moitié des membres du Sénat : 32% des
dossiers déposés, rejetés ». Éducation nationale : « Ce que les syndicats ont
obtenus » ( ??? Le Provincial). En culturelle, au centre des papiers non
signés, apparemment repris, un texte sur Mouloud Mammeri a perdu sa chute (fin)
en cours de reproduction ( « Évoquant la marée humaine
suscitée au jour de l’enterrement »…( ????), puis plus rien).
L’actualité essentielle, dans les quatre titres, est occupée
par des informations « nationales ». Nous avons souvent affaire à des « papiers »-bureau, c’est-à-dire rédigés à la rédaction à partir de
dépêches. Akhbar Echarq, je ne sais pourquoi, rend
compte de deux lettres adressées par un parti politique, le Front de la justice
et du développement de la wilaya de Annaba, au wali et au directeur des travaux
publics de la wilaya.
Généralement, les articles se caractérisent par la longueur
excessive des paragraphes et l’usage de nombreux adverbes comme « ainsi » ou
des expressions, « en bref » qui altèrent la communication. Les titres posent
sérieusement problème. On utilise souvent des phrases affirmatives ou
interrogatives, avec de discutables tournures syntaxiques : (Pour se mettre au
diapason de la dynamique du secteur agricole, Satisfaction quant au projet de
code communal ; Parti El Karama, Satisfaction quant
au projet de code communal, L’Est Républicain).
Les journaux semblent apprécier les faits divers à tel point
que les pages, normalement, essentielles sont consacrées à des faits divers
assimilés à l’information dite « régionale ». La palme revient à Akher Saa, même sa page (Espace
des Annabis) consacrée à l’actualité de la ville de Annaba est dominée par les
faits divers. La page culturelle est très pauvre. Il y a même des quotidiens
qui n’en ont pas.
Ce qui est singulier, mais qui devrait être enrichi en les
alimentant de reportages et d’enquêtes, ce sont ces pages consacrées dans l’Est
Républicain à des wilayas ( Constantine, Sétif, Oum el
Bouaghi). Je ne comprends pas l’usage dans Akher Saa de deux caractères ou
espacements différents dans le journal, cette non-uniformisation desservirait
l’aspect formel et rendrait le rapport au lecteur quelque peu compliqué.
Ces journaux régionaux qui devraient s’intéresser aux informations
locales et aux populations de la région sont toujours prisonnières du syndrome
d’Alger et de l’information institutionnelle. Les gens ont besoin d’une
information qui les interpelle et les concerne. Les rédactions accordent trop
peu d’importance à l’information de proximité, à la culture de l’ordinaire et
au travail d’investigation. Alors qu’un journal est le lieu du vivant, nos
quotidiens sont fascinés par la « matière morte ».