COMMUNICATION-
ETUDES ET ANALYSES- COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE/ CHÉRIF ALI (I/II)
© Cherif Ali/Le
Quotidien d’Oran, jeudi 23 janvier 2025
Communication institutionnelle : Que
compte faire Nadir Larbaoui pour l'améliorer ?
Il faudra beaucoup plus d'ordina-coeurs que
d'ordinateurs dans la communication de demain. (Jacques Séguéla)
Tous les Premiers ministres qui se sont succédé ont reconnu, publiquement, des
failles dans la communication institutionnelle. Pour y remédier, ils ont organisé
des colloques, séminaires et autres sessions de formation. En vain!
A l'ère des nouvelles technologies, des réseaux sociaux et des «fake news»et autres attaques cybernétiques, disons-le ambages,
la plupart de nos institutions ne sont pas protégées. Il suffit de parcourir
les sites des différents ministères pour s'en rendre compte. Des sites non mis
à jour pour la plupart, avec un logo archaïque, des contacts quasi inexistants,
sans oublier des téléphones qui sonnent dans le vide !
Chaque ministère utilise ses propres logiciels que ce soit pour la bureautique,
le traitement des données, les logiciels antivirus, le graphisme, ce qui ne
facilite ni l'échange de données intra ou inter ministériels, ni la lisibilité de
la «charte graphique» de nos institutions ministérielles.
De l'avis de plusieurs experts, l'Algérie a encore du chemin à faire, en dépit
de l'existence d'une volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière
mainte fois exprimée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune qui
a ordonné l'organisation du secteur.
A ce triste constat, il faut rajouter le retard accumulé pour mettre en place
une vraie stratégie nationale pour le service à grand débit, pour la
communication institutionnelle comme pour d'autres secteurs d'activité économique,
sociale ou culturelle : entreprises, éducation et formation et autres médias
d'information.
Et tout le monde a une part de responsabilité !
Il en est ainsi des membres du gouvernement, disons certains, pour ne pas
fâcher ou se mettre à dos tout le monde, qui à vouloir sans cesse intervenir,
surtout sous forme de discours non suivis d'effet, contribuent à décrédibiliser
la parole publique pour la rendre inaudible !
Et sur les plateaux télévisés, il nous arrive d'entendre des inepties et des contrevérités
débitées par tout ce beau monde, aidé, il est vrai, par des journalistes plus
que complaisants, guidés avant tout par leur souci de plaire au ministre
invité, de faire sa promotion et d'attendre le retour sur investissement,
quitte à sacrifier le sacro-saint principe «du devoir d'informer et du devoir
de dire» !
Ce discrédit de la parole vaut, aussi, pour la plupart des hommes politiques, y
compris ceux qui sont dans l'opposition aujourd'hui, mais qui ont été en
situation de gouvernance hier.
Tous, déjà, proviennent de la même matrice !!!
Ils n'ont pas, ensuite, fait mieux que ceux d'aujourd'hui, quand eux-mêmes,
intraitables et sourds à toutes revendications, étaient aux affaires. La parole
politique est enfermée dans une logique d'annonce et de promesses sans
lendemain et le fossé «gouvernants-citoyens» se creuse
de plus en plus et la fracture sociale aussi.
Cela crée dans l'imaginaire social, une impression de «déjà-vu» et de «déjà
entendu», de «promesse faite» et de «promesse jamais tenue».
Dans ce registre, certains walis ne sont pas en reste et point n'est besoin
d'en dresser la liste. Ils se reconnaîtront !
Cela vaut également pour les journalistes
Le foisonnement des journaux fait que la concurrence dans le secteur est
féroce. C'est la course à qui sortira le scoop ou la nouvelle frappée du fameux
sceau racoleur «aadjel», les fuites ou «off brisés»
font souvent l'effet d'un séisme médiatique et mettent en péril les hommes
politiques, certains journalistes ne prennent aucune précaution, même pas celle
consistant à vérifier la teneur, encore moins celle confortant la source de
leurs informations.
Autre remarque : depuis la création des chaînes de télévision privées, les
journalistes s'entichent des personnalités politiques, qu'ils s'empressent
ensuite de descendre en flammes, à croire que c'est consubstantiel au métier !
La règle exige du journaliste qu'il doit respecter la personnalité qui fait la
déclaration et qu'il refuse qu'elle sorte, l'idée étant de permettre audit
journaliste de saisir le contexte dans lequel la déclaration a été émise. La
personnalité peut, aussi, accepter, mais à condition que l'on conserve le
secret sur son identité, un secret qui vaut à l'égard du public, mais qui peut s'imposer
de manière plus absolue.
Sur le principe, la pratique paraît parfaitement fondée : à quoi bon mettre
dans l'embarras celui qui a fait la déclaration ?
Mais certains journalistes pris dans le tourbillon de la quête du scoop ne
mesurent pas l'effet de déflagration qui s'attache à la diffusion d'un propos
ou à la publication d'une information émise en «off».
Quant au contenu des informations rapportées sous le couvert du confidentiel et
bien qu'elles ne soient pas, toujours, utiles ou passionnantes, le public en
raffole et se délecte des «radars» et autres «périscopes» qui les hébergent,
les petites phrases, les blagues, croqueuses et ravageuses, donnent
l'impression au lecteur de découvrir, enfin, «ce qui se passe derrière les
coulisses».
De ce qui précède, peut-on affirmer qu'une crise de crédibilité de la parole
publique, est une crise de confiance dans la signature de l'Etat ?
Peut-on affirmer également que la parole politique est devenue stérile, surtout
quand elle est enrobée de langue de bois ?
Et dans la situation de crise que nous subissons, plus que nous traversons,
comment mettrons-nous la société en marche si nos politiques sont à court
d'idées et si nos ministres ainsi que nos walis continuent à se passer de
communicants professionnels, à parler dans le vide, à agir sur des coups de
tête, à faire des promesses sans lendemain et surtout continuer à ne pas être
soumis à une quelconque obligation de résultats ?
Une personne qui communique bien, apparaît comme une personne charismatique, sympathique,
pleine de bienveillance, compétente, cultivée, professionnelle ? et la
conversation avec elle est non seulement constructive, mais surtout agréable.
Communiquer c'est aussi une façon de faire briller son aura, de travailler son
charisme pour imposer son image devant un public qui n'est pas toujours
prédisposé à vous écouter et même à vous voir.
Force est d'admettre que notre communication institutionnelle est en décalage,
il lui manque ce «coup d'avance» qui sera décisif pour tous ceux qui voudraient
lui nuire !