SOCIETE- PRATIQUES- MARIAGE MOZABITE
© Rafik Chenini/ El
Moudjahid, lundi 28 août 2023
Les mariages des
différentes cités de la vallée du M’zab sont marqués
par leur simplicité : la fête se tient à la maison en présence d’hommes et de
femmes du voisinage, de la famille et des amis. Les familles mozabites sont
connues par leur conservatisme et leurs coutumes ancestrales millénaires. Le
jour du mariage, certaines dames se chargent de maquiller et préparer la
mariée. Ce sont des femmes spécialisées dans ce métier au fil des générations,
dont on appelle ‘‘Tieh’’ car elles connaissent les
moindres détails concernant ces préparatifs : coupe de cheveux, bijoux et
autres maquillages, avec une touche traditionnelle de ‘‘K’houl’’
et de ‘‘S’ouak’’. Cette séance constitue l’épilogue
d’un processus d’une semaine durant laquelle ces femmes accompagnent la mariée
dans sa routine quotidienne. Lors de ce grand jour, la mariée met une cape
façonnée par les artisanes de la région et reflète les caractéristiques de la
culture mozabite. Cette tenue traditionnelle se nomme ‘‘Timelheft’’
et contient une panoplie de couleurs avec une prédominance du vert et du jaune,
combinées par des formes géométriques minuscules. Quant aux bijoux, simplicité
et modération tels sont les mots d’ordre à respecter par la mariée, sans
omettre la condition que ces bijoux soient faits d’or et offerts par le marié,
sans définition préalable de leur nature ou leur poids, mais surtout sans
oublier ‘‘le Khelkhal’’ fait d’argent massif, symbole
de pureté. La parure portée par l’épouse est nommée ‘‘Serremya’’.
De son côté, le marié mozabite ne nécessite pas trop de moyens et de dépenses,
il est tenu, surtout, d’assurer un bon repas, sans gaspillage, appelé
localement le plat ‘‘d’El Âada’’, maître des mariages
de la vallée de M’zab et composé de couscous préparé
avec de la graisse de beurre local, mélangé avec de raisin sec et garni par de
quarts d’œufs durs. Non loin des groupes des invités qui s’attablent autour de
ce délicieux mets, une chorale mozabite récite des chants religieux islamiques
et folkloriques. Originalité et authenticité Lors de cette nuit mémorable, le
marié se contente d’une tenue traditionnelle qui comprend un large pantalon ‘‘Deouala’’, une cape blanche tissée de coton fin ‘‘Ahouli’’, symbolisant la pureté et d’un turban spécial
soigneusement préparé par les artisanes mozabites et qui reflètent, lui aussi,
les valeurs de la culture locale. Quoi qu’il en soit, le mariage mozabite a pu
préserver son originalité et son authenticité au fil des siècles. Au moment où
plusieurs autres régions du pays ont abandonné leurs coutumes, celle de la
vallée du M’zab privilégie toujours la simplicité
dans les préparatifs et le déroulement de cette fête qui marque une nouvelle
étape dans la vie du couple. C’est le conseil d’El Azzaba
qui assure l’organisation de toutes les étapes de la cérémonie, en préservant
les traditions ancestrales de la société mozabite. Ce conseil, qui représente
la crème de la société, a fixé à 12.000 DA le montant de la dot pour tout jeune
Mozabite désireux de se marier. Pour rappel, le système d’El Azzaba est un système social et éducatif créé au début du
cinquième siècle de l’hégire (11e siècle ap. J.C.)
par le cheikh Abi Abdellah Mohamed Ben Bakr et constitue la plus haute autorité
dans la société mozabite. Le cheikh du conseil d’El Azzaba
se doit d’être intelligent, lucide et austère. Par ailleurs, les efforts
déployés par ce conseil à travers les différentes cités mozabites ont permis,
notamment, d’éliminer la pauvreté au sein de la société locale, en facilitant,
entre autres, les conditions matérielles et financières du mariage, et ce, à
travers le plafonnement du montant de la dot et en privilégiant des cérémonies
de noces simples pour toutes les franges de la société